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L'administration de la justice
Les sociétés modernes se judiciarisent de plus en plus, mais le phénomène ne date pas d'hier. Ainsi, le roman français du XIXe siècle fourmille d'histoires de procès mettant en scène des voisins chicaniers ou des fratries qui se disputent un héritage. Aujourd'hui, certes, on poursuit encore son voisin, mais la nature des litiges est beaucoup plus complexe que dans le passé en raison de la complexification même des lois. Celles-ci régissent à présent tous les aspects de la vie en société, tous les droits et toutes les obligations des groupes et des individus, et nul ne peut connaître à fond toutes ces lois. Aussi la première caractéristique des professionnels du secteur est-elle leur spécialisation, par exemple en droit de la famille, en droit des affaires, en droit de la jeunesse, en droit fiscal, etc.
L'administration de la justice requiert une brochette de professionnels qui exercent leur rôle dans l'ombre (greffier, sténographe, secrétaire juridique, etc.) ou sous le regard du public. À cette seconde catégorie n'appartiennent sans doute pas encore les médecins légistes, qui procèdent aux autopsies dans les cas de décès d'origine criminelle, même si Patricia Cornwell, la célèbre auteure de romans policiers, a dévoilé les dessous de la profession au monde entier avec son personnage de Kay Scarpetta! On pense néanmoins d'emblée aux juges, toujours nommés par le gouvernement, et bien sûr aux avocats. Le Barreau du Québec en comptait 20 600 en 2004, et leur nombre est en constante progression depuis une décennie. Par ailleurs, la profession se féminise à la vitesse grand V et les femmes sont désormais majoritaires dans les facultés de droit.
Le secteur de l'administration de la justice est marqué par une évolution des rôles que sont appelés à jouer les professionnels qui le constituent, en particulier les avocats et les notaires. Ainsi, les avocats, s'ils continuent bien entendu de plaider devant les tribunaux, se retrouvent de plus en plus dans les administrations publiques ou les entreprises privées où ils agissent davantage à titre de conseillers juridiques. Ce rôle-conseil, ils l'exercent aussi auprès des particuliers, en faisant de la médiation. Le recours à la médiation est d'ailleurs en hausse, non seulement dans les cas de divorce, mais également pour les litiges de nature commerciale. Les parties en cause évitent ainsi les procès coûteux et les délais irritants, participent activement à la prise de décision et, au bout du compte, ont plus de chances d'obtenir un règlement satisfaisant. Dans le même ordre d'idée, le marché de « l'intervention en amont » est en plein développement (par ce terme, on entend l'intervention préventive qui consiste à s'occuper des affaires du client avant que les problèmes surviennent).
Le rôle de conseiller, les quelque 3 200 notaires du Québec le revendiquent également. Leur activité principale, c'est l'établissement de contrats, qu'il s'agisse de contrats de mariage, de succession, de propriété immobilière ou d'association d'affaires. Ils peuvent donc veiller aux intérêts de leurs clients à de nombreux égards. Et, depuis 2002, les notaires célèbrent aussi des mariages! En fait, ils légalisent des unions civiles qui ont, pour les couples, qu'ils soient hétérosexuels ou homosexuels, la même force de loi qu'un mariage, et ils ont le pouvoir de dissoudre ces unions.
Comme les lois changent au gré des orientations gouvernementales aussi bien que des valeurs sociales, les professionnels du secteur doivent se tenir à jour. Cela concerne également les juges. Ils ont bien sûr la responsabilité de prendre des décisions de façon impartiale en s'appuyant sur les législations en vigueur, mais ils ne peuvent pas pour autant faire abstraction des comportements considérés comme admissibles dans notre société.
Alors, les connaissances théoriques, oui, bien sûr, mais additionnées d'une bonne dose de savoir-faire et de savoir-être! Telle est d'ailleurs la toute nouvelle philosophie de l'École du Barreau, passage obligé des futurs avocats et, par conséquent, des futurs juges.