« Le bien-être des personnes « Les soins de santé
Sphère d’activité
L'administration hospitalière
Contraintes budgétaires, virage ambulatoire, engorgement des urgences, informatisation du réseau, partenariats public-privé : plus que seulement des expressions à la mode, il s'agit aussi des nouveaux paramètres qui déterminent, depuis quelques années, l'évolution des systèmes de santé dans les principaux pays industrialisés. Dans ce contexte, la pression qui s'exerce sur la structure administrative des hôpitaux est énorme, car elle doit intégrer tous ces changements. Et, comme si ce n'était pas suffisant, voilà que s'ajoute à ces missions, somme toute assez ponctuelles, une exigence bien plus vaste : il faut de toute urgence renouveler les effectifs administratifs dans le domaine de la santé! Selon le rapport Clair en effet (du nom de celui qui présida, en 2000, la Commission sur le financement des services de santé), 50 % des cadres de ce secteur atteindront l'âge de la retraite avant cinq ans au Québec1.
Des milliers de postes de gestionnaire devront donc être comblés. Aussi, ce qu'on attend déjà des nombreuses recrues qui viendront remplir les vides laissés par les gestionnaires partis à la retraite annonce indirectement les nouvelles compétences exigées dans ce domaine : leadership dans un contexte d'interdisciplinarité; capacité d'analyser le système de soins sur le plan de son organisation aussi bien que dans ses dimensions économique, sociologique et juridique; aptitude à innover dans un système en constante mutation.
Un bon exemple : l'informatisation du système de santé, actuellement en cours au Québec. « C'est la pierre d'angle de tout le système de santé du futur », affirme le docteur Renaldo Battista, directeur du Département d'administration de la santé à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal. Il faut en effet jeter beaucoup de ponts informatiques entre les principales entités du monde médical : entre les cabinets des médecins et les hôpitaux, entre les hôpitaux et les centres de soins de longue durée, ou même entre les laboratoires et les différents départements à l'intérieur d'un même hôpital! « Cela crée donc d'intéressantes occasions d'emploi pour les gens qui possèdent une compétence encore relativement rare dans le milieu : une bonne connaissance à la fois de l'informatique et des pratiques professionnelles et organisationnelles en vigueur dans le domaine de la santé », explique le docteur Battista.
Par ailleurs, l'actuelle mise en réseau n'est pas limitée au secteur informatique. Avec l'instauration des nouveaux Réseaux locaux de services (une nouvelle structure, créée par le gouvernement Charest, dans le but de rapprocher les CLSC, les hôpitaux et les centres de soins de longue durée), est apparu le besoin d'une toute nouvelle compétence : le « management » des structures en réseau. Le Département d'administration de la santé de l'Université de Montréal travaille à la création d'un programme de formation pour combler ce besoin.
Les personnes qui posent leur candidature à ces nouvelles fonctions administratives proviennent de divers horizons : ils sont médecins, infirmières, ergothérapeutes, etc. Il y a aussi des chercheurs travaillant dans le domaine même de l'administration de la santé et qui veulent terminer leur doctorat. Selon le docteur Battista, l'importante transition qui s'opère actuellement doit se faire en n'oubliant pas que le système de soins, institué au cours des dernières décennies, a créé une distance entre les personnes qui soignent et les personnes qui souffrent. « En plus d'acquérir des compétences techniques, les professionnels doivent toujours garder à l'esprit qu'il est essentiel de retrouver la dimension humaine des services de santé », dit-il en conclusion. À ce niveau-là également, il faut donc que les choses évoluent…
1. Selon le site Internet du Département de l'administration de la santé de l'Université de Montréal. Ce site est une mine d'informations pour tout ce qui touche au domaine de la santé. (www.mdas.umontreal.ca)