Soutenir les personnes étudiantes internationales en difficulté de réussite scolaire : une responsabilité à prendre au sérieux

Par Emmanuel Kambi, formateur et conseiller en développement professionnel à l'Université de Sherbrooke

Paru le 08 octobre 2024

Selon les données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada publiées par le Bureau Canadien d’éducation internationale (BCEI), le Canada comptait 1 040 985 personnes étudiantes internationales à tous les niveaux d’études en 2023 contre 800.000 en 2022. Qu’est-ce qui incite ces personnes à poursuivre leurs études au Canada ? À quelles difficultés sont-elles en butte ? Quelles pistes de solutions sont possibles ? 

Des raisons logiques et normales

Parmi les principales raisons évoquées par les étudiantes et étudiants internationaux dans le Sondage des étudiant.e.s internationaux.ales du BCEI, 2023 pour venir étudier au Canada, se trouvent la réputation d’un pays stable et sécuritaire, la réputation et la qualité du système scolaire canadien ainsi que le fait que la société canadienne soit réputée tolérante et non discriminatoire. Toutefois, on observe que certains étudiants étrangers éprouvent des difficultés à réussir leurs études.

De difficultés et de conséquences sérieuses sur le parcours académique

Plusieurs facteurs peuvent être à la base de ces difficultés. Selon l’Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur inspiré des études menées par Bérubé et al., 2018; Maïnich, 2015, les étudiants internationaux rencontrent les défis tels que barrière de la langue, choc culturel, racismes et préjugés, adaptation à la pédagogie et à l’enseignement, réseau social à reconstruire.

De ces difficultés peuvent résulter de nombreuses et fâcheuses conséquences. C’est le cas entre autres d’échecs scolaires, de décrochage scolaire, d’exclusion du programme d’études, de changement de programme d’études, de difficulté à renouveler les documents d’immigration, de renvoi du territoire, d’endettement, etc. D’ailleurs, selon les données du ministère de l’Enseignement supérieur du Québec, moins de 60 % des étudiants étrangers obtiennent leur diplôme du réseau de l’Université du Québec contre 76,8 % ailleurs au Canada.

Quelques pistes de solutions à envisager

Soutenir les étudiants étrangers à surmonter les difficultés auxquelles ils font face est une responsabilité de tout le monde: étudiants, professeurs, associations étudiantes, établissements d’enseignements et organismes communautaires, etc.  Voici quelques pistes de solution:

  • Promouvoir auprès des personnes concernées les services d’orientation des établissements d’enseignements;
  • Créer des capsules d’informations scolaires et professionnelles destinées aux étudiants internationaux en collaboration avec la radio étudiante de la place;
  • Mettre en place une équipe volante des personnes intervenantes en soutien psychosocial auprès des étudiants internationaux;
  • Mobiliser le corps professoral à accorder une attention particulière aux étudiants étrangers surtout les trois premières semaines de la première session. Cela peut passer par une rencontre individuelle pour préciser les attentes et répondre aux questions sur les méthodes de travail et modes d’évaluation;
  • S’impliquer dans les événements et activités organisées par des associations étudiantes pour prendre les pouls des besoins et des difficultés de leurs membres et ainsi créer un rapprochement en vue d’une éventuelle coopération;
  • Former des ambassadrices et des ambassadeurs étudiants internationaux pour partager leurs expériences positives et négatives d’adaptation et de réussite éducative;
  • Encourager les étudiants internationaux à chercher de l’aide et du soutien auprès de personnes compétences;
  • Affecter des mentors dans le cadre de jumelage pour aider les étudiants en question à faire face aux difficultés d’adaptation à la première session d’études. À ce propos, l’Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur cite des recherches (Germain et Vultur, 2016; Campbell, 2012) qui mettent en évidence le fait que le développement de liens, dont les amitiés avec des étudiants locaux, est favorable à une expérience positive d’études à l’étranger.

Une mobilisation tous azimuts est requise pour soutenir la réussite académique et contribuer à l’augmentation de la diplomation des étudiants internationaux au Québec. Cela profitera à bien des égards aux établissements d’enseignements, aux métropoles et régions ainsi qu’à toute la société québécoise.

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