Plein emploi, oui, mais…

Paru le 12 juillet 2019

 
Par Christine Esnault, conseillère aux communications chez Gestion-Travail Chaudière-Appalaches
 
Le taux de chômage au Québec était de 5 % en mai 2019, allant même sous la barre des 3 % pour certaines régions.
 
Bien!
 
De quoi se réjouir, n’est-ce pas? On se lamente assez quand la situation est inversée. Une population majoritairement en emploi, ça inspire confiance en l’avenir, ça sent bon la prospérité. Mais voilà, toute médaille a son revers. Les entreprises ont encore besoin de main-d’œuvre pour fonctionner, et le fait qu’elles ne peuvent plus puiser à volonté dans un réservoir de chômeurs nuit à leur croissance. Certaines doivent refuser des contrats faute de pouvoir les livrer.
 
Quel paradoxe! Notre société manque de chômeurs, figurez-vous! Pour ceux et celles qui, comme moi, ont connu une époque où chercher un emploi relevait du parcours du combattant, ça laisse songeur.
 
Pourtant, de nombreuses personnes sont encore en recherche d’emploi et ne trouvent pas nécessairement « chaussure à leur pied ». Certaines ont accepté des postes moins intéressants ou pour lesquels elles sont surqualifiées, en attendant, pour mettre du beurre dans les épinards. Mais leur condition n’est pas nécessairement satisfaisante, et elles espèrent toujours trouver un travail à la hauteur de leurs espérances et de leurs compétences. Dans certains domaines d’activité, ce n’est pas si facile de trouver sa place et on n’est pas forcément prêt à accepter n’importe quelle offre, à n’importe quel prix, sauf quand la situation devient vraiment désespérée. L’emploi devient alors alimentaire, mon cher Watson! Et ce n’est pas ce qu’il y a de plus valorisant.
 
Y aurait-il inadéquation entre l’offre et la demande? Les emplois spécialisés qui demandent des qualifications techniques particulières restent vacants au grand dam des employeurs contraints de chercher toujours plus loin et à grands frais. Et les offres d’emplois non qualifiés ne sont pas attrayantes pour tout le monde.
 
La campagne du gouvernement québécois visant la valorisation des métiers les plus recherchés et des formations adaptées aux besoins du marché[1] est une tentative intéressante pour résorber l’écart qualitatif entre l’offre et la demande d’emploi. Mais, en attendant que les jeunes sortent avec les qualifications qui seront possiblement requises quand le moment de travailler sera venu, on fait quoi? Pour un adulte, chargé de famille, reprendre les études à temps plein et repartir à zéro en changeant de métier, ce n’est pas toujours une option envisageable. Alors, la clé serait-elle dans la formation continue et le perfectionnement professionnel?
 
Nous vivons dans un monde en mutation où la technologie évolue à une vitesse exponentielle. Les industries pallieront bientôt leur manque de main-d’œuvre avec la cobotique (les robots collaboratifs) et l’intelligence artificielle. Les métiers évolueront, la place du travail aussi. La société s’adaptera. Ceux qui prendront le train en marche au lieu de le regarder passer auront une longueur d’avance.
 
Le plein emploi n’est pas fait pour durer, on le sait.
 
Être curieux, vouloir apprendre et s’améliorer, rester à l’affut des innovations, être flexible et créatif, autonome, mais collaboratif sont des attitudes gagnantes de nos jours. Et comme l’adulte apprend mieux dans l’action, il ne faut pas négliger l’entrainement.
 
Informez-vous! Formez-vous! Entrainez-vous!