Offrir une écoute de qualité, tout un art!

Par Marie Laberge, Formatrice en relation d'aide

Paru le 08 février 2023

En relation d’aide, l’écoute est primordiale. Cependant, ce n’est pas une posture naturelle pour la plupart d’entre nous. Nous sommes beaucoup plus enclins à parler, à questionner, à raconter, à expliquer. D’ailleurs, nous avons nous-mêmes du mal à nous sentir bien écoutés par nos proches ou nos collègues. Il s’avère qu’écouter est un art qui s’apprend.

En tant qu’intervenant en relation d’aide, en tant que parent ou comme personne appelée à soutenir un proche, l’écoute est l’outil le plus puissant dont nous pouvons disposer. Savoir écouter en étant entièrement ouvert à accueillir l’autre, sans peur, sans jugement, en ayant confiance en ses capacités et en son potentiel, cela est exigeant. Pourquoi ? Parce que cela nécessite de se mettre de côté et de se mettre à la place de l’autre. Cela demande de s’observer et de se défaire de vieilles habitudes. Cela exige un effort d’attention, de concentration et de mémoire.

Commençons par nous observer. Comment écoutons-nous ?

• Est-ce que je suis capable d’écouter simplement sans nécessairement chercher une solution, une réponse ou une suggestion ?
• Est-ce qu’il m’arrive d’avoir une attitude estimative ? Interprétative ? Rassurante ? Interrogative ? De résolution de problème ?
• Est-ce que j’éprouve de la difficulté avec une personne qui ne me manifeste pas de sympathie ? Est-ce que ça nuit à mon écoute ?
• Est-ce que je suis capable d’accueillir les émotions de l’autre : peine, colère, culpabilité, honte, impuissance, doute, sans essayer de lui faire comprendre qu’il ou elle ne devrait pas ressentir ces émotions ?
• Est-ce que je laisse l’autre parler ou j’ai souvent envie de parler moi aussi ?
• Est-ce que je respecte les mécanismes de défense ou les résistances de l’autre ?
• Est-ce que je suis à l’aise avec les silences, est-ce que je sais quoi faire ?
• Est-ce que je sais comment mettre fin à mon écoute quand le temps ou une autre raison me l’indique ?
• Est-ce qu’il m’arrive de ressentir de l’épuisement après avoir offert de l’écoute ?

Comme nous pouvons le constater en répondant à ces quelques questions, l’écoute n’est pas un geste anodin et il vaut la peine de s’y attarder. Nous pouvons développer et perfectionner notre écoute, apprendre à accueillir l’autre avec une attitude compréhensive, en demeurant centré sur la personne et non sur le problème, en respectant les silences, en utilisant les reformulations et les reflets, en évitant certains pièges, en recourant aux questions avec prudence et discernement. Écouter, c’est aussi savoir demeurer chez l’autre et non chez soi, c’est savoir reconnaitre les phénomènes d’identification, de sympathie et de résonance.

Tous ces aspects de l’écoute, et bien d’autres, valent la peine qu’on y consacre du temps et qu’on y réfléchisse. Nous pouvons devenir des personnes à l’écoute, plus conscientes et plus efficaces. Nos interventions et nos communications y gagneront en puissance et en profondeur. L’écoute pourra devenir alors un moment magique, une vraie rencontre, une ouverture qui nous mènera au-delà de nos limites.

 

Référence : 

Laberge, M. (2023). L'art de l'écoute : Développez vos habiletés en relation d'aide. Septembre éditeur.

Catégories : Intervention, Relation d'aide