Du droit à la déconnexion au bienêtre numérique

Par Nathalie Couture, journaliste

Paru le 05 septembre 2024

Depuis que les technologies de communication nous rendent joignables partout et en tout temps et que le télétravail s’est généralisé, l’hyperconnectivité fait partie intégrante de la réalité au travail. Mais qu’est-ce que l’hyperconnectivité professionnelle exactement ? «L’hyperconnectivité professionnelle peut se traduire par une surexposition aux écrans ainsi que par une utilisation fréquente et parfois impulsive des services de messagerie électronique ou des médias sociaux 1. »

Cette définition de l'Office québécoise de la langue française nous parle de la réaction de l’être humain face à son environnement technologique et suggère que nous ne sommes pas condamnés à être des victimes passives de cet environnement, pour peu que nous apprenions à le contrôler.

Des effets délétères

L’OQLF ajoute que « cette utilisation excessive peut provoquer des effets négatifs sur la santé (…), particulièrement lorsqu’elle mène à la disparition des frontières entre la vie professionnelle et la vie personnelle2 ». 

L’hyperconnectivité se définit donc ici par un excès d’utilisation de la technologie qui nuit à l’être humain. En effet, elle peut nuire à sa vie familiale et sociale, favoriser la sédentarité, et même affecter sa santé mentale. Lorsque l’hyperconnectivité professionnelle devient source de stress, elle peut causer de l’anxiété et de l’insomnie, lesquelles augmentent le risque d’épuisement professionnel.

L’hyperconnectivité professionnelle nuit aussi aux organisations en diminuant l’efficacité au travail. Les hyperconnectés peuvent avoir des problèmes d’attention et de concentration, ressentir de la fatigue mentale et être moins capables de créativité.

Devant l’importance des impacts tant sur les individus que sur les organisations, plusieurs pays ont mis en place des politiques de déconnexion pour aider les employés à décrocher. Certains gouvernements ont même adopté des lois. C’est le cas jusqu’à maintenant d’une douzaine de pays, et de l’Ontario au Canada3.

Pour un tour d’horizon des mesures adoptées à travers le monde en matière de droit à la déconnexion, consultez l’article Le droit à la déconnexion à travers le monde.

La législation n’est pas une panacée

Au Québec le gouvernement a décidé en 2020 de ne pas légiférer, notamment parce que les vacances et les pauses sont protégées en vertu de la Loi sur les normes du travail.

Mais que l’on soit pour ou contre une loi pour protéger le droit à la déconnexion, le fait est que légiférer ne règle pas automatiquement le problème de l’hyperconnectivité professionnelle. Une loi peut s’appliquer difficilement dans les faits ou comporter d’importantes limitations, comme en Italie où la loi de 2021 ne s’applique qu’aux télétravailleurs4. Ou encore, la loi n’est pas accompagnée de sanctions dissuasives.

En l’absence de cadre juridique au Québec, des entreprises d’ici ont décidé de prendre les choses en main en adoptant une politique interne de déconnexion et en promouvant de saines habitudes numériques auprès de leurs employés. Des firmes-conseils spécialisées en bienêtre numérique sont d’ailleurs apparues ces dernières années pour accompagner les organisations dans ces changements.

Vers le bienêtre numérique

L’hyperconnectivité professionnelle implique autant la culture des organisations que la responsabilité individuelle. Pour pouvoir faire les changements qui s’imposent, une prise de conscience de toutes les parties prenantes d’une organisation est nécessaire. Et puisque les conséquences de l’hyperconnectivité professionnelle affectent autant le bienêtre des individus que le bon fonctionnement des organisations, employés et employeurs auraient tout intérêt à travailler de concert pour en prévenir ou minimiser les dommages.

 

Références

1. et 2. Office québécois de la langue française, Le Grand Dictionnaire terminologiqueHyperconnectivité, 2019. https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/26557053/hyperconnectivite

3. et 4. Anne-Sophie Roy et Shanna Sarrazin-Laverdure, Le droit à la déconnexion à travers le monde, Journal 24 heures, Montréal, édition du 10 février 2022.

https://www.24heures.ca/2022/02/10/le-droit-a-la-deconnexion-a-travers-le-monde-voici-ce-que-font-dautres-pays

 

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Catégories : Bien-être, Monde du travail, Santé mentale