Connaissez-vous la Loi de Carlson?

Par Nathalie Couture, journaliste

Paru le 14 mars 2024

Dans son livre Executive Behaviour, Sune Carlson décrit l’influence néfaste des interruptions au travail. Alors qu’il étudiait le travail des gestionnaires au début des années 50, il s’est rendu compte qu’un cadre est dérangé dans son travail toutes les 20 minutes en moyenne, avec pour conséquence d’allonger le temps nécessaire pour terminer les tâches.

Carlson résume le problème ainsi : « Tout travail interrompu sera moins efficace et prendra plus de temps que s’il était effectué de façon continue. » En effet, une fois passée l’interruption, le cerveau a besoin de quelques minutes pour se remettre au travail. Et ce, à chaque interruption.

Le pire ennemi de la productivité : l’interruption

Dans le monde du travail, les sollicitations sont nombreuses. Employés et cadres sont constamment perturbés par diverses distractions : téléphone, discussions des collègues, demandes d’information, bruit…

Heureusement, il existe des moyens simples de gérer les interruptions. Quelques suggestions :

  • Se limiter à lire ses courriels deux ou trois fois par jour
  • Laisser le répondeur prendre les messages téléphoniques et planifier des moments pour retourner les appels
  • Fermer la porte de son bureau
  • Supprimer les applications superflues sur son téléphone intelligent et désactiver les notifications non essentielles
  • Établir des priorités quotidiennes claires et s’y tenir, pour mieux dire non aux demandes imprévues

Le multitâches génère aussi des interruptions

Les études montrent que le multitâches est associé à une diminution significative de la performance dans toutes les tâches que l’on tente de faire en même temps. Pourquoi? Parce qu’il contraint le cerveau à un va-et-vient attentionnel entre toutes les tâches que l’on tente d’effectuer en même temps. Sonia Lupien, docteure en neurosciences, explique ce phénomène dans son dernier ouvrage :

« Lorsque notre attention quitte une tâche pour aller vers une autre, elle demeure accrochée à la première pendant un certain temps. Pour effectuer l’autre tâche, elle doit d’abord travailler à se décrocher de la première tâche, pour ensuite s’accrocher à la seconde. C’est ce travail de décrochage et de raccrochage attentionnel qui est extrêmement énergivore pour le cerveau. »

Carlson s’est aussi intéressé au morcèlement du travail, qui génère de la fatigue : « Un travail réalisé en continu prend moins d’énergie que lorsqu’il est réalisé en plusieurs fois. »

Choisir de travailler autrement

De ce point de vue, il est donc préférable d’exécuter les tâches une à la fois. Mais la réalité du monde du travail fait en sorte qu’on ne peut pas toujours éviter le multitâches. Que faire? Nous pouvons choisir de travailler différemment le plus souvent possible. Notamment en prévoyant régulièrement des périodes de travail au cours desquelles on s’isole de toutes les distractions possibles et on se consacre à une seule tâche.

N’hésitez pas à informer vos collègues, patrons, clients de ces plages de temps réservées. Cette bonne habitude vous permettra de réduire significativement les pertes de concentration et améliorera votre efficacité tout en vous faisant économiser de l’énergie.

 

Références

Carlson, Sune. Executive Behaviour: A Study of the Work Load and the Working Methods of Managing Directors, Arno Press, New York, 1951, 122 pages.

Lupien, Sonia Ph. D. Le stress au travail vs le stress du travail — Comment réinventer le travail pour diminuer le stress, Éditions Va Savoir, Montréal, 2023, 507 pages.

 

Crédit photo page couverture : Anna Schvets

Catégories : Bien-être, Carrière, Santé mentale